Dans Americanah, nous suivons l’évolution et les conflits identitaires du personnage principal Ifemelu, qui quitte le Nigeria pour poursuivre ses études universitaires aux Etats-Unis. Elle laisse derrière elle, tout ce qu’elle avait connu jusque-là et, Obinze, son grand amour. C’est avec un ton sincère et une touche d’humour qui lui sont propres que Chimamanda nous embarque dans une multitude de sujets et de lieux, le tout à travers des personnages fictifs certes mais dont les émotions et les dilemmes, eux, m’ont semblé bien réels.
Des romans sur l’immigration et les questions raciales il y en a plein mais une des particularités de celui-ci est qu’il est loin de se résumer à ça. On y retrouve, dans le contexte nigérian, plusieurs sujets qui pourraient assez facilement être transposés à d’autres pays africains. Les problèmes liés au système éducatif : sous-rémunération des enseignants; grèves à répétition; manque d’opportunités pour les jeunes diplômés. Le rapport parfois toxique à la religion qui influence grandement les choix de vie et libertés indivuelles. Le sexisme profondément encré dans les mentalités et les dynamiques homme femme. Les grandes disparités entre riches et pauvres, dans une réalité où l’opulence côtoie une précarité extrême. Le Nigeria reste très présent dans l’histoire pas juste comme un lieu géographique mais aussi comme un encrage culturel pour nos deux personnages principaux où qu’ils soient.
Tout le long du livre je me suis sentie assez proche d’Ifemelu, encore plus à son arrivée aux états-unis. J’ai compris ses questionnements sur son identité et la réalisation de son appartenance à une race (le fait que je sois une jeune camerounaise vivant en France y a certainement contribué). On la voit grandir, s’affirmer et developper ses convictions à travers son blog qui apporte une perspective nouvelle sur les réalités sociales aux États-Unis.
Pendant ce temps, Obinze qui a grandi avec une vision idéalisée et romantisée des états unis, et a toujours voulu y aller, est confronté à des obstacles qui l’en empêche. Il finit par se retrouver en Angleterre où il se heurte à la difficulté de trouver sa place dans une société hostile. Sans papiers, il vit dans l’ombre, multipliant les emplois précaires et tentant d’échapper aux contrôles migratoires. Il fait face à l’humiliation et à la peur constante d’être expulsé. La désillusion à laquelle font face beaucoup de migrants africains en Europe. Fatou Diome en parle assez bien dans Le ventre de l’atlantique.
Americanah c’est bien plus qu’une histoire d’amour, c’est une vraie critique sociale où elle expose beaucoup de contradictions et injustices du monde contemporain.
Depuis son premier livre qui m’est tombé entre les mains We should all be feminists, je suis une grande fan du style d’écriture de Chimamanda donc mon avis pourrait ne pas être objectif. La simplicité avec laquelle elle aborde des sujets pourtant très complexes et sérieux me fascinera toujours. Pas de complication inutile, pas d’étalage de son vocabulaire sans nul doute très riche, ni de toutes les références urbaines et historiques en sa possession. On ne ressent pas cette volonté d’impressionner présente chez certains auteurs, et, c’est ce qui pour moi fait toute la beauté de son écriture.
La lecture de Americanah, en plus de tous les éléments sur les différentes thématiques abordées, m’a apporté un certain réconfort entre nostalgie et echo à mes expériences personnelles.
Pour moi, le retour d’Ifemelu au Nigeria aurait carrément pu faire l’objet d’un autre roman mais n’a pas été suffisament développé ce qui est un peu dommage mais compréhensible vu la multitude de sujets déjà traités.
Je le recommande évidemment à toute personne ayant la possibilité de le lire. Plus particulièrement, aux amateurs de romans contemporains africains et à tous ceux qui aiment les histoires d’amour complexes. Je me suis abstenue de trop rentrer dans les détails pour ceux qui voudront le lire.
Si tu l’as lu, n’hésite pas partager avec moi ton avis ou les parties qui t’ont le plus marqué ou encore mieux, me faire des recommandations dans le même style.
1 comment
C’est le premier livre que jai terminé en 2025. L’expérience de lecture était à la fois intellectuelle, émotionnelle et introspective. J’ai retrouvé des parts de moi chez plusieurs personnage. J’ai pu observer le monde à travers plusieurs perspectives. Je n’étais pas très satisfaite de la fin mais j’ai beaucoup aimé lire ce livre.